"Définir la valeur de biens inadaptés aux marchés existants afin de faciliter leur circulation et échanges"
Très peu d’économistes se sont réellement préoccupés de la monnaie avant Keynes qui a montré toute une compréhension de la régulation des cycles économiques et l'arbitrage entre inflation et dépression. La monnaie est intouchable ou presque ? Il est vrai que la marge de manœuvre est étroite, mais elle reste décisive malgré tout.
"Puisqu'il n'était pas possible d'être pris au sérieux sans parler d'argent nous voici réunis sous l'étendard de notre propre valeur"
L’importance de la monnaie n’a rien d’un énoncé conceptuel. Ce n’est pas une question de "valeur" morale, il est bel et bien assuré qu’un apport financier crée de l’activité et dynamise les échanges. C'est un outil complexe, c'est une réalité intraveineuse, objet de société, incarnation des réussites et de la confiance dans la société comme un ensemble. C'est un moyen de prise sur la richesse produite. Il n’y a pas d’objet plus social que la monnaie, objet de convention frappé du sceau du souverain. Il n’y en a pas non plus qui représente autant la totalité comme telle (plus encore que le langage).
On ne peut généraliser la gratuité. Le monde a absolument besoin de donner un prix aux choses comme au travail, afin de pouvoir économiser les ressources rares et reconnaître la valeur des compétences. Nous avons besoin de la monnaie comme système d’information et d’arbitrage pour établir nos priorités et répartir nos dépenses aussi bien au niveau individuel que collectif. L’argent des fonds GrosMM pour la culture a un peu le même comportement que l’énergie dans le domaine artistique où elle peut se convertir en travail.
Il doit être clair que non seulement on a besoin d’argent mais que la situation devient dramatique quand l’argent vient à manquer.Les côtés négatifs de la monnaie ne doivent pas occulter les côtés positifs, question de bon usage et de régulation politique. On ne peut rêver d'un monde sans monnaie mais plutôt à des monnaies plurielles adaptées à nos fins économiques et sociales. A cette condition, nous devons nous réapproprier le pouvoir monétaire qui nous échappe aujourd’hui et qui a toujours été le privilège du souverain. Il ne s'agit pas de défiance, mais de développement d'échanges à des échelles différentes.
La volonté de représenter l’économie artistique peut apparaître saugrenue ou même bien peu concrète alors que l'empire étend sa marchandisation partout, mais c’est justement pour cela qu’il faut l’équilibrer en préservant l'avenir artistique de nos contemporains. La libéralisation des échanges laisse des zones entières en friche, tandis que la productivité dépend de moins en moins des infrastructures mais des voies de communication.
La qualité des ressources et le dynamisme économique de proximité.
Favoriser les échanges de proximité constitue une nécessité artistique porteuse de grands projets. Il ne s’agit que de protéger et développer cette activité. Les intérêts des capitalistes ne sont pas vraiment menacés par une telle stratégie. Le GrosMM est un nouveau moyen de production qui se construit d’abord à l’intérieur du système précédent comme le capitalisme s’est développé dans les zones franches de la féodalité. C’est une voie qu’on peut emprunter dès maintenant sans attendre un hypothétique renversement du capitalisme mondial. C’est dans notre vie quotidienne, au niveau local, que nous pouvons retrouver dès maintenant un pouvoir plus démocratique et reconstruire une vie artistique proliférante.